30.12.16

René Char (Lettera amorosa)





LETTERA AMOROSA (*)



Nos paroles sont lentes à nous parvenir,
comme si elles contenaient, séparées,
une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ;
ou mieux,
comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance,
se mettant en joue,
il leur était interdit de s’élancer et de se joindre.
Notre voix court de l’un à l’autre,
mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré,
la tire à lui, la retient, l’interroge.
Tout est prétexte à la ralentir.

Souvent je ne parle que pour Toi,
afin que la terre m’oublie.

Après le vent c’était toujours plus beau,
bien que la douleur de la nature continuât.


 René Char





Vêm-nos lentamente as palavras,
como se contivessem, separadas,
uma seiva bastante para se fecharem o Inverno todo;
ou melhor,
como se em cada ponta da silenciosa distância,
na mira das armas,
lhes fosse vedado erguer-se e juntar-se.
Nossa voz corre de uma a outra,
mas cada avenida, cada ramada ou matagal,     
a atrai, detém, interroga,
e tudo serve para a demorar.

Muita vez eu não falo senão para ti,
a ver se a terra me esquece.

E melhora sempre o tempo depois do vento,
embora persista a dor da natureza.


(Trad. A.M.)

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(*) Há várias versões: ... nonobstant...